Situation sécuritaire

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Ce rapport dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Il s’intéresse particulièrement à la période allant du 1er avril 2021 au 19 août 2022, mettant à jour un rapport portant le même titre, publié le 7 avril 2021 et un addendum publié le 17 juin 2021. Les recherches ont été clôturées le 19 août 2022.

Au-delà de cette période de recherche documentaire, le Cedoca mentionne le coup d’Etat survenu en octobre 2022.

Le Burkina Faso est la cible des djihadistes du Sahel depuis 2015. La présence de groupes djihadistes et de groupes criminels est liée à l’insécurité qui règne au Mali voisin mais aussi à divers facteurs locaux tels que la pauvreté, l’inefficacité de la lutte contre le terrorisme, l’absence de services publics de base et de choix politiques régissant l’accès aux ressources. Ces groupes armés ont exploité les frustrations des populations fragilisées et trouvé des relais parmi les populations locales pour s’implanter et mener leurs actions. Trois grandes entités djihadistes (Ansarul Islam, l'État islamique dans le Grand Sahara et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans) se distinguent dans le Sahel mais de nombreuses autres entités à la limite du djihadisme et du banditisme gravitent autour de celles-ci. Alors que les deux principales formations djihadistes ont semblé coexister de manière relativement pacifique pendant des années, elles sont engagées depuis fin 2019 dans une lutte pour le contrôle des trois régions frontalières.

Pour lutter contre l’insécurité, les forces burkinabè ont opté pour une approche militaire, mais l’appareil sécuritaire est désorganisé depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014, après 27 ans de règne. Depuis la fin de l’année 2020, des tentatives de négociation sont amorcées discrètement avec des groupuscules djihadistes mais les résultats ne se voient pas sur le terrain. Des groupes de veille et d’autodéfense regroupant des acteurs locaux et parfois encadrés par les autorités tentent de combler les insuffisances de l’Etat dans le but d’assurer un service minimum en matière de sécurité et de justice. Ces groupes commettent à leur tour des exactions qui procurent du crédit au discours des groupes armés.

L’acteur international principal qui mène des opérations au Burkina Faso est la force conjointe régionale G5 Sahel, parfois appuyée logistiquement par la Mission de maintien de la paix des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ou, à la demande expresse des nouvelles autorités, soutenue militairement par l’opération Barkhane.

Les groupes djihadistes exécutent de nombreux membres des services de sécurité ou des civils, minent des routes, commettent des enlèvements, pillent, interdisent l’accès aux activités quotidiennes (commerces, marchés, écoles, célébrations religieuses), mènent des raids sur des postes de sécurité mais aussi sur des localités. Ils détruisent des installations d’eau ou de communication. Ils isolent également des villes en y imposant un blocus. Les violences sexuelles envers les femmes se multiplient depuis 2021. Des enfants sont de plus en plus recrutés par les groupes djihadistes. Une nouvelle junte est au pouvoir depuis janvier 2022. Elle ne parvient pas à faire diminuer ces violences, malgré les promesses.

Les forces de sécurité du Burkina Faso sont parfois accusées de recourir de manière disproportionnée à la violence, aux exécutions extrajudiciaires et aux violations des droits de l'homme, y compris à l'égard des civils.

La violence a exacerbé les divisions le long des lignes de faille ethniques. Une dynamique ethnique oppose, dans la majorité des cas, des Peuls (souvent des éleveurs perçus comme soutenant les islamistes armés) aux Mossi ou aux Foulsé ou Gourmantché (souvent des cultivateurs perçus comme des soutiens aux forces de sécurité).

De nombreux citoyens ont le sentiment d’être pris en étau entre des islamistes armés qui leur reprochent de collaborer avec les autorités et ces dernières, qui leur adressent la critique inverse. Bien que les représentants de l’Etat ou des employés du secteur de l’éducation ont été particulièrement visés par les islamistes armés au début du conflit, les simples civils sont devenus une cible privilégiée d’après différentes sources. Le Conseil de sécurité des Nations unies note une intensification des attaques contre les civils durant le premier semestre 2022.

Human Rights Watch (HRW) souligne que les actes d’intimidations des islamistes armés visent tous les principaux groupes ethniques présents dans la région du Sahel. Les Peuls font l’objet d’amalgames qui les associent aux projets des djihadistes. Les recherches de HRW démontrent que, depuis 2012, les groupes armés islamistes actifs dans le Sahel axent leur recrutement sur les membres de l’ethnie peule et que la grande majorité des victimes des abus commis par les forces de sécurité ou par les groupes d’autodéfense appartiennent à cette ethnie. Le facteur religieux semble, selon les sources, secondaire dans ce conflit.

La menace terroriste, initialement limitée à la région du nord du Sahel, s’est progressivement étendue à d’autres régions, notamment à l’est. Les régions les plus touchées par la violence sont celles du Sahel, du Centre-Nord et de l’Est. Depuis 2021, le conflit s’est étendu au sud et à l’ouest du pays, en particulier les régions des Cascades et du Sud-Ouest. La capitale, Ouagadougou, a été touchée par trois attentats d’envergure en 2016, 2017 et 2018 mais aucune attaque n'y a eu lieu depuis lors, tout comme dans les autres grandes villes.

Le Burkina Faso a été confronté à des déplacements internes pour la première fois de son histoire. Fin avril 2022, un peu plus de 1.902.000 personnes y sont déplacées, principalement au nord et à l’est.

La situation humanitaire ne cesse de se dégrader, notamment au niveau de la sécurité alimentaire.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (EUAA), le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Burkina Faso