Situation sécuritaire

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Ce COI Focus dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Burundi. Ce document, qui est une mise à jour du COI Focus du 29 avril 2019, porte sur les développements qui ont eu lieu entre mai 2019 et fin octobre 2020, et se focalise en particulier sur la situation après l’élection du nouveau président Evariste Ndayishimiye en mai 2020.

Après la mort inopinée du chef de l’État Nkurunziza en juin 2020, Evariste Ndayishimiye, nouvellement élu président suite à un processus électoral marqué par des violations nombreuses et des irrégularités importantes, a prêté serment.

Depuis fin 2019, plusieurs affrontements parfois très violents entre des groupes armés et les forces de l’ordre appuyées par des Imbonerakure ont eu lieu. Cependant, des observateurs estiment que les groupes rebelles basés en RDC ne constituent pas de menace crédible pour le régime. Etant donné le caractère isolé et sporadique de ces incidents, la commission d’enquête onusienne affirme qu’il n’y a pas de conflit armé au Burundi, même si le risque d’une grave détérioration de la situation des droits de l’homme et d’éventuels crimes de masse reste présent.

Par ailleurs, de nombreuses sources locales et internationales font état d’une répression plus discrète mais systématique ciblant toute forme de dissidence. Ils dénoncent la persistance des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des tortures, des violences sexuelles, des arrestations et détentions arbitraires, commises en toute impunité.

Trois mois après l’investiture de Ndayishimiye, plusieurs sources indiquent que peu a changé au niveau de la gouvernance politique et économique ou du respect des droits de l’homme.

La commission d’enquête des Nations unies affirme que des crimes contre l’humanité continuent d’avoir lieu. Elle désigne comme auteurs principaux de hauts responsables de l’État, des agents du SNR et de la police ainsi que des autorités administratives locales. Les Imbonerakure, auteurs de la majorité des violations, assument un rôle de plus en plus important dans la répression et l’embrigadement de la population, ciblant en particulier des civils.

HRW et AI indiquent que l’étendue des violations et le nombre de victimes sont difficiles à déterminer, surtout à l’intérieur du pays. Estimé à quelques centaines par an, le nombre précis des victimes recensées diverge selon les sources. En 2019 et 2020, toutefois, la proportion des morts civils a diminué par rapport aux victimes des affrontements armés.

Tandis qu’au début de la crise en 2015, les violences se situaient surtout dans la capitale, les sources consultées indiquent que la plupart des incidents se produisent depuis 2016 dans des zones rurales.

Les violations des droits de l’homme affectent principalement les opposants au pouvoir dans un sens très large, y compris ceux qui refusent d’adhérer au parti au pouvoir ou de le soutenir par des contributions. La commission d’enquête onusienne aperçoit une stratégie intentionnelle de la part des autorités d’affaiblir l’opposition politique. Des activistes, des journalistes et leurs proches font également l’objet de graves violations. De façon générale, la population subit de manière régulière la surveillance et les violations des droits de l’homme des Imbonerakure.

Alors que l’origine ethnique d’une personne peut constituer un facteur aggravant, la commission d’enquête onusienne précise que des Tutsi victimes de violations n’ont pas été ciblés en premier lieu à cause de leur ethnie mais plutôt pour leur opposition présumée au pouvoir.

Plus de 323.000 Burundais restent réfugiés dans les pays voisins. Le HCR est confronté à une pénurie grave de moyens entravant l’aide humanitaire et la protection des réfugiés dans des camps surpeuplés. Environ 99.000 réfugiés sont retournés de la Tanzanie depuis fin 2017, surtout en raison de la situation humanitaire et sécuritaire difficile dans le pays d’accueil. La réintégration et l’accès des rapatriés est souvent difficile et certains, perçus comme des opposants, ont été l’objet de nouvelles violations.

La crise politique et budgétaire a un effet dévastateur sur l’économie, sur l’enseignement et la santé publique et sur la liberté de mouvement, selon plusieurs sources. Avec 1,77 million de personnes qui ont besoin d’assistance, le Burundi est retombé dans l’urgence humanitaire, selon la commission d’enquête onusienne.

Politique de traitement

Depuis l’annonce de la candidature de l’ancien président Nkurunziza pour un troisième mandat le 25 avril 2015, et la tentative de coup d’Etat manqué du 13 mai 2015, la situation sécuritaire au Burundi s’est progressivement dégradée. Actuellement, le pays connaît une situation sécuritaire problématique et grave. Cette situation a donné lieu à de nombreux actes de violences, la plupart ciblés, émanant principalement de la part des autorités, des forces de l’ordre et des Imbonerakure, une milice liée au parti au pouvoir. Si les affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes armés sont devenus très rares, de graves violations des droits de l’homme à l’égard d’opposants et d’activistes sont courantes et largement répandues, de même que la répression de toute forme de dissidence réelle ou imaginaire. En septembre 2017, une commission d’enquête onusienne fait état de crimes contre l’humanité. En octobre 2017, la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête. L’élection en mai 2020 du nouveau président Evariste Ndayishimiye s’inscrit dans la continuité du régime et n’a pas modifié les rapports de force au Burundi. En septembre 2020, plus de 323.000 réfugiés burundais se trouvaient dans les pays voisins.

Land: 
Burundi