Situation sécuritaire

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La présente recherche dresse un état des lieux de la situation sécuritaire au Mali. Elle porte sur la période allant du 1er juillet 2019 au 15 janvier 2020.

Ce document met à jour un COI Focus daté du 26 juillet 2019. Les recherches pour cette actualisation ont été clôturées le 15 janvier 2020.

Le conflit au Mali débute en janvier 2012 lorsque des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), soutenus par des groupes islamistes, se soulèvent contre le gouvernement central de Bamako pour obtenir leur indépendance.

Malgré l’envoi de troupes par la France et les Nations unies en 2013 ainsi que la signature d’un Accord de paix en 2015 entre les groupes armés gouvernementaux et ceux de la rébellion touareg, les affrontements se sont poursuivis au Mali. Les groupes islamistes, exclus de l’Accord précité, ont poursuivi leur progression. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a été réélu pour un deuxième mandat de cinq ans le 12 août 2018 et un nouveau gouvernement conduit par Boubou Cissé a été formé début mai 2019.

En septembre 2019, le gouvernement a fait face à une vague de critiques populaires. Les manifestants ont demandé la réparation rapide des principaux axes routiers, exigé la démission du gouvernement et affiché leur soutien à la milice d’autodéfense dogon Dan Nan Ambassagou. L’imam Mahmoud Dicko a lancé à Bamako la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), un mouvement politico-religieux qui a également critiqué le gouvernement conduit par Boubou Cissé.

Un Dialogue national inclusif a finalement donné lieu, le 22 décembre 2019, à quatre résolutions: l’organisation des élections législatives avant mai 2020, un referendum suivi d’un projet de nouvelle Constitution, la relecture des certains articles de l’Accord de paix et la mobilisation de toutes les ressources nécessaires pour installer la paix dans le pays.

Les sources consultées rapportent également en fin d’année 2019 des manifestations contre l’intervention des troupes françaises au Mali, surtout après les pertes subies par l’armée malienne. Le sentiment anti-français continue à gagner du terrain selon la presse. La mise en œuvre de l’Accord pour la paix était à la fin de l’année 2019 « à son point le plus bas » depuis janvier 2018, d’après un rapport du Centre Carter. Le Secrétaire général de l’ONU relève dans son rapport d’octobre 2019 que l’application de cet accord s’est poursuivie lentement et mentionne quelques progrès, notamment en matière de défense et de sécurité.

Le Secrétaire général de l’ONU estime « alarmante » la dégradation de la situation sécuritaire au Mali et dans la région du Sahel observée dans les trois derniers mois de 2019. Durant la période étudiée, les conditions de sécurité ont continué à se dégrader suite à la multiplication des actions terroristes menées par des groupes djihadistes et des violences intercommunautaires.

Selon les statistiques, l’année 2019 apparaît la plus meurtrière depuis le début de la crise sécuritaire, en 2012. D’après les données en provenance de l’ONG américaine Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), 1.870 morts ont été enregistrés suite aux conflits au Mali en 2019. Le chiffre est en légère hausse par rapport à 2018 mais double par rapport à 2017.

Les facteurs déclencheurs des conflits sont les violences intercommunautaires, les attaques perpétrées par des groupes armés signataires et l’escalade du conflit à cause des groupes extrémistes selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Le nombre des civils tués dans les divers conflits au Mali en 2019 s’élève à 1.629 selon les chiffres de l’OCHA rapportés par le centre Carter. Selon les rapports consultés, les civils sont à la fois victimes de violences ciblées et indirectes, étant directement visés par les violences extrémistes et les attaques intercommunautaires et indirectement par le banditisme et les engins explosifs improvisés.

Les forces de défense et de sécurité maliennes (FAMA), la MINUSMA et les forces internationales ont été constamment ciblées par des attaques asymétriques des groupes terroristes, selon les Nations unies. La MINUSMA est considérée par le Secrétaire général des Nations unies comme la mission onusienne « la plus dangereuse », avec 22 victimes en 2019. Les groupes armés signataires de l’Accord de paix ont été également visés par des attaques menées entre mai et septembre 2019 par des combattants de groupes extrémistes.

Selon le Secrétaire général de l’ONU, dans le dernier trimestre de 2019, la situation sécuritaire s’est « dégradée » au nord et elle est devenue « complexe et préoccupante » au centre du pays. L’officiel onusien fait état de nombreuses attaques terroristes perpétrées au nord du pays ainsi que de tensions entre les groupes armés signataires de l’Accord de paix. Dans le centre, il parle d’incidents liés aux engins explosifs improvisés mais également de conflits intercommunautaires qui font de nombreuses victimes parmi les civils.

Dans le sud, en ce compris la capitale, 40 morts ont été enregistrés suite aux violences en 2019, selon les données ACLED, collectées et compilées par un chercheur d’International Crisis Group (ICG).

La situation des droits de l’homme s’est dégradée au Mali en 2019. D’après le HCR, l’absence d’autorité de l’Etat a augmenté la vulnérabilité des civils. Le Secrétaire général de l’ONU décompte 339 victimes de violations de droits de la personne entre juin et septembre 2019. Les auteurs de ces violations sont les groupes d’autodéfense communautaires, les groupes extrémistes et les groupes armés signataires de l’Accord de paix. Concernant les enfants, les Nations unies ont documenté 571 violations graves des droits de l’enfants de janvier à septembre 2019, un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes.

En décembre 2019, les Nations unies recensaient 199.385 déplacés à l’intérieur du pays et 138.954 réfugiés dans les pays voisins, à savoir le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger. Le nombre de réfugiés est resté stable.

Les actes de banditisme ont aggravé les problèmes de sous-alimentation et le manque de vaccination des plus jeunes. Les ONG sur place figurent également parmi les victimes d’actes de banditisme et des vols. A cause de la criminalité, des groupes extrémistes et des opérations militaires, l’accès à l’aide humanitaire est devenu plus difficile tant au nord qu’au centre du Mali au dernier trimestre de 2019.

Au nord et au centre, l’insécurité et les violences freinent le redéploiement des forces de défense et de sécurité et entravent le fonctionnement de l’administration et des écoles, la liberté de mouvement des maliens, leur accès aux denrées de base, aux soins de santé et à l’aide humanitaire.

Politique de traitement

La politique définie par le commissaire général se fonde sur une analyse approfondie d’informations récentes et détaillées sur la situation générale dans le pays. Ces informations ont été recueillies de manière professionnelle auprès de diverses sources objectives, dont le Bureau européen d’appui en matière d’asile, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, des organisations internationales de défense des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales, ainsi que la littérature spécialisée et les médias. Pour définir sa politique, le commissaire général ne se fonde donc pas exclusivement sur les COI Focus publiés sur le site du CGRA, qui ne traitent que de certains aspects particuliers de la situation du pays. Le fait qu’un COI Focus date d’un certain temps déjà ne signifie donc pas que la politique menée par le commissaire général ne soit plus d’actualité.

Pour examiner une demande d’asile, le commissaire général tient non seulement compte de la situation objective dans le pays d’origine à la date de la décision mais également de la situation individuelle et des circonstances personnelles du demandeur. Chaque demande d’asile est examinée au cas par cas. Le demandeur d’asile doit montrer de manière suffisamment concrète qu’il éprouve une crainte fondée de persécution ou court un risque réel d’atteintes graves. Il ne peut donc se contenter de renvoyer à la situation générale dans son pays mais doit également présenter des faits concrets et crédibles le concernant personnellement.

Pour ce pays, il n’y a pas une note de politique de traitement disponible sur le site Internet du CGRA.

Land: 
Mali